Les Journées de la Schizophrénie, du 18 au 25 mars 2023
Samedi dernier ont débuté les Journées de la schizophrénie dans une dizaine de pays francophones. L’enjeu de cette semaine évènement : déconstruire les stéréotypes autour de la schizophrénie, un trouble mental multiforme, dont sont atteintes près de 24 millions de personnes dans le monde (OMS). Ces événements, organisés par l’association Positive Minders, visent aussi à améliorer la détection de la schizophrénie et déstigmatiser cette maladie qui peut provoquer délires et hallucinations, entre autres symptômes. Plus elle est diagnostiquée tôt, mieux elle est soignée.
A l’échelle mondiale, la schizophrénie compte parmi les principales causes de réduction des années de vie ajustées sur l’incapacité, s’accompagnant non seulement d’une diminution du niveau de fonctionnement dans la vie quotidienne et de la qualité de vie, mais aussi d’une augmentation de la mortalité.
La schizophrénie touche près de 85’000 personnes en Suisse, soit une personne sur cent, selon un communiqué de PositiveMinders. Les premiers signes de la maladie se développent probablement dès la naissance, de manière invisible, et se manifestent entre 15 et 25 ans dans le 85% des nouveaux cas diagnostiqués chaque année. L'OMS classe la schizophrénie dans le groupe des 10 maladies entraînant le plus d’invalidité.
Selon le dernier rapport Obsan sur la santé dans le canton de Fribourg (2020), 20% de la population fribourgeoise est concernée par des troubles psychiques moyens à importants. La moyenne suisse est à 15%. Les 65 ans et plus souffrent moins de troubles psychiques que leurs cadets.
Les maladies psychiques sont depuis des années maintenant la cause la plus fréquente d’invalidité en Suisse (Baer, 2017), en particulier chez les jeunes et chez les personnes d’âge moyen. Elles sont aussi la principale cause de suicide (non assisté). De plus, bon nombre des personnes souffrant d’une maladie psychique chronique souffrent également d’une pathologie somatique grave (Rapport Obsan La santé psychique en Suisse. Monitorage 2020).
En Suisse, la schizophrénie représente 12,1% des hospitalisations psychiatriques chez les femmes et 15,9% chez les hommes. On trouve la schizophrénie dans tous les pays et toutes les cultures. Elle peut toucher n’importe qui, aussi bien les hommes que les femmes, sans distinction de rang social. La schizophrénie se caractérise, entre autres, par des symptômes positifs (délire, hallucination, bizarrerie du comportement, etc.) et/ou négatifs (troubles de la concentration ou de mémoire, baisse de motivation, isolement/retrait social, difficultés relationnelles).
Dans 80% des cas, les symptômes s’améliorent dès qu’ils sont traités (www.schizinfo.com). Il est établi que 50 à 70% (selon les régions) des personnes atteintes de schizophrénie se rétablissent, c’est-à-dire arrivent à reprendre une vie épanouissante et pleine de sens.
Il est crucial d’offrir une prise en charge précoce et personnalisée, malheureusement encore insuffisamment répandue en dehors des centres spécialisés.
L’équipe des soins infirmiers psychiatriques du Service d’aide et soins à domicile de la Sarine, est une équipe solide et stable d’infirmiers spécialisées en psychiatrie, qui permet à chaque professionnel d’apporter sa contribution et de reconnaitre celle des autres. Nous travaillons souvent en coréférence et sommes à l’écoute des besoins des patients, du réseau de soins et des proches aidants. Cette interdisciplinarité est fondamentale, car elle aide à résoudre les cas complexes et permet au patient d’avoir un accompagnement à domicile plus riche et complet.
L’équipe des soins infirmiers en psychiatrie à domicile peuvent jouer un rôle important dans la prise en charge des patients atteints de schizophrénie en fournissant des soins et une assistance appropriée afin d’améliorer leur qualité de vie. Les interventions peuvent varier en fonction des besoins individuels du patient, mais peuvent inclure :
- Administration de médicaments : Les infirmiers à domicile peuvent aider les patients à prendre correctement leurs médicaments prescrits pour traiter la schizophrénie. Ils peuvent également fournir des informations sur sa thérapeutique, surveiller les effets secondaires et signaler tout changement à l'équipe médicale.
- Psychoéducation et soutien : Les infirmiers peuvent fournir des conseils et du soutien aux patients sur les moyens de gérer les symptômes de la schizophrénie, et les aider à comprendre leur maladie. Ils peuvent également fournir des conseils sur la nutrition, l'exercice, le sommeil, gestion du stress.
- Évaluation du risque suicidaire : Le suicide, problème majeur de santé publique, concerne particulièrement les patients souffrant de schizophrénie. Malgré les progrès thérapeutiques, il représente 9 à 13 % des causes de décès dans cette population. La prévention des conduites suicidaires doit être une préoccupation permanente des différents intervenants du réseau de soins : recherche et correction des facteurs de risque, évaluation et prise en charge des comportements suicidaires.
Les soins infirmiers en psychiatrie sont centrés sur les besoins individuels de chaque patient en utilisant des interventions holistiques sur plusieurs niveaux, y compris les aspects physiques, sociaux et émotionnels.
Ces initiatives peuvent contribuer pour que les patients vivent mieux avec leur schizophrénie et à éviter/diminuer les hospitalisations et les récidives.
Margarida Freitas
Infirmière en soins infirmiers psychiatriques au SASDS
Sources:
Les Journées de la Schizophrénie, du 18 au 25 mars 2023
Se rétablir de la schizophrénie Guide pratique pour les professionnels (Jérôme Favrod, Agnès Maire, Shyhrete Rexhaj, Alexandra Nguyen), 2e édition, 2015
https://www.24heures.ch/la-schizophrenie-touche-pres-de-85000-personnes-en-suisse-631043108864
https://www.fr.ch/sites/default/files/2023-03/troubles-de-la-sante-mentale--quelques-chiffres.pdf
https://positiveminders.com https://medicalforum.ch/fr/detail/doi/fms.2018.03303 https://www.rfsm.ch/sites/default/files/2022-03/220316_ComF_DSAS_JDS.pdf
https://www.em-consulte.com/article/39384/suicide-et-schizophrenie-evaluation-du-risque-et-p